Les fabricants reprennent pied
L'année 2017 ne rattrape pas l'année noire de 2016, mais la baisse des tonnages en alimentation animale se calme. Aucune euphorie du côté des fabricants, mais un peu plus de sérénité, qui ne voile pas cependant le décrochage de la France sur le marché européen.
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La dynamique de la nutrition animale est naturellement liée à celle des productions animales. Ce constat avait été particulièrement dur en 2016 avec la crise laitière, l'influenza aviaire et les difficultés de la filière porcine. « La France se cherche encore sur des marchés qui ne semblent pas toujours durables même si les productions animales vont moins mal. L'érosion se poursuit mais, heureusement, 2017 a été moins mauvaise que 2016 », résume Jean-Luc Cade, président de Coop de France Nutrition animale.
« Sur les douze mois, septembre 2016-août 2017, la baisse est encore de 1 %, avec notamment la chute de 11 % en palmipèdes qui entraîne la volaille à - 1,6 %. La dinde et le lapin poursuivent leur baisse à - 6 %, complète Stéphane Radet, directeur du Snia. Si l'on prend l'évolution du tonnage toutes espèces confondues sur trois ans, on perd de 1 à 1,5 % par an en tendance. »
Les prévisions donnent, sur l'année calendaire 2017, aux environs de 20,05 Mt soit encore un petit - 1,6 % ou, au mieux, une stabilité par rapport à 2016 car le second semestre est meilleur que le premier. L'influenza aviaire, qui a conduit à la fermeture de tous les bâtiments volailles du sud, s'est donc fait encore sentir sur les volumes du premier semestre. En porc, malgré l'embellie du prix liée à la demande du marché chinois, les tonnages d'aliments ne se remettent pas : « J'attribue cela surtout à l'amélioration génétique avec la prolificité des truies et à la réduction de l'indice de consommation. Il y a aussi un effet fabrication à la ferme mais les volumes d'aliments complémentaires stagnent, donc il ne doit pas y avoir tant de progression de la faf que cela », estime Valérie Bris, directrice de Coop de France Nutrition animale.
Du côté des bovins, « sur les huit premiers mois de 2017, on voit que le mash continue à grimper, aux environs de 10 % quand le total des bovins hors mash est stable. La croissance du ruminant profite donc au mash », poursuit Stéphane Radet.
Au final, l'année 2017 ne devrait donc pas permettre de rattraper la baisse de 2016. Et cela alors que les autres pays de l'Union européenne affichent une bonne santé, notamment l'Allemagne et l'Espagne en porc, la Pologne en volaille.
S'adapter en jouant sur tous les segments
L'industrie continue à se réorganiser pour s'adapter, notamment par une forte segmentation concernant toutes les filières et toutes les espèces. Le bio progresse avec déjà 350 000 t les huit premiers mois de cette année, contre 210 000 t en 2011. La production bio est tirée par la volaille, la pondeuse en tête avec 56 %, suivie du poulet de chair avec 21 %. Bellavol vient, par exemple, de créer sa filière bio « Bella Bio », adossée à Maître Coq. Dans le Sud-Ouest, le bio est plutôt tiré par les productions laitières, vaches et brebis.
Plus de contractualisation
Autre segmentation, la demande d'aliments sans OGM progresse, surtout dans l'univers laitier. La région Nord a également construit cette année une filière lapin non OGM avec deux marques Lapin Ch'ti et Lapin du Beffroi.
Les modes de commercialisation évoluent, par ailleurs, avec une progression de la contractualisation. « Outre l'aviculture, les marchés libres comme les ruminants se contractualisent de plus en plus, souvent sur des périodes de trois mois, qui démarrent souvent à la mise à l'herbe, puis pour l'été et enfin le début de l'hiver. Cela permet à l'éleveur de prévoir le coût de sa ration. Pour les éleveurs, la question de la contractualisation avec leur aval reste toutefois posée », souligne François Cholat, président du Snia.
DOSSIER RÉALISÉ PAR YANNE BOLOH
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